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Améliorer les performances de sobriété numérique

Améliorer les performances de sobriété numérique

Applications et certifications à l’œuvre

Elle s’appelle la pollution silencieuse. Émise passivement par nos applications sur smartphone, elle génère environ 6% des émissions carbone totales du numérique qui représente à lui seul 4 à 5% des émissions mondiales des gaz à effet de serre selon l’ADEME. Une tare pour les start ups et entreprises ? Pas forcément. Des solutions existent pour réduire les impacts environnementaux.

Cette pollution sourde, qui équivaut à 90 allers-retours Paris-New-York en avion, n’est pas sans inquiéter les acteurs du mobiweb qui travaillent main dans la main pour inverser la tendance. C’est le cas par exemple SNCF Connet & Tech et de l’agence nantaise Greenspector.

Génération éco-score : Planète 1 – Carbone 0

En résonnance avec l’éco-score du secteur alimentaire, issu des 150 propositions de la convention citoyenne pour le Climat, l’entreprise Greenspector, créée en 2010, pionnière française du numérique responsable et spécialisée dans l’analyse de l’impact environnemental des entreprises, a mis au point un éco-score numérique.

Cet éco-score repose sur trois piliers :

•          la sobriété énergétique : pour diminuer l‘impact environnemental, réduire les risques de défauts et faciliter l’utilisation sur des terminaux plus anciens ou moins puissants ;

•          la sobriété dans la consommation de données : pour diminuer l’impact environnemental et améliorer le confort d’usage en mobilité ;

•          la performance : pour une expérience utilisateurs fluide en toutes conditions.

Ce procédé permet de visualiser et de se projeter dans la « nébuleuse carbone », et d’observer ce début d’effet papillon qui se nidifie au sein de nos applications, voire de comprendre ce que représente un grammage de carbone ! Anthony Alfont, COO de Digital for the Planet confirme d’ailleurs dans une interview donnée à Welcome to the Jungle que « personne n’est capable de dire concrètement ce que représente 10g de CO2 dans son quotidien. Il faut donc donner des points de repère via des équivalences. Jusqu’à ce que les collaborateurs (et utilisateurs ndlr) se disent “ah oui, quand même”. » 

L’application SNCF Connect obtient un écoscore de 75/100, ce qui lui permet de décrocher le niveau Argent du Certificat Greenspector de Sobriété Numérique. Ce résultat fait figurer l’application dans le top 3 des applications évaluées par l’entreprise nantaise. 

Un éco-score, oui ! Mais pour qui et comment ?

Aussi simple et logique semble la démarche, les acteurs du numérique peinent à la mettre en place. A l’heure actuelle, un acteur du numérique sur dix seulement calcule son empreinte carbone, selon un sondage réalisé en janvier 2021 par Happydemics. D’ailleurs, presque 50% des sondés n’ont pas l’intention de le faire mais plus d’un quart envisage de prendre le problème à bras le corps, sans savoir comment procéder.

Pour le lancement de sa nouvelle application SNCF Connect, l’entreprise française de mobilité a donc été accompagnée par Greenspector en ligne avec ses engagements écoresponsables. Une démarche en deux étapes s’est mise en place : la réalisation d’un audit de l’application en version beta et la réalisation de nouvelles mesures afin de valider la version finale. L’objectif est simple : mesurer les consommations de ressources et les performances de l’application sur plusieurs parcours utilisateurs types, identifier des surconsommations, mettre sous contrôle les métriques identifiées à chaque mesure et évaluer l’impact carbone engendré par l’utilisation de l’application.

Le secret d’une application décarbonée ? Une amélioration constante

Qu’ils soient obligés de se déplacer ou pour leur loisir, chaque année, les Français parcourent environ 1 000 milliards de kilomètres, notamment en voiture (soit 6 700 fois la distance de la Terre au Soleil), selon l’Insee. Du côté du ferroviaire, les trains français ont effectué entre 2010 et 2019 plus de 430 millions de kilomètres. La mobilité est donc au cœur du quotidien des Français.

Suivis par leur(s) téléphone(s), qu’ils soient en voiture thermique ou en train, ces Français au doux cœur de voyageur polluent à leur insu. Lors des mesures réalisées sur la version bêta de SNCF Connect par exemple, entre novembre et décembre 2021, des axes de vigilance ont été identifiés par Greenspector entre autres sur la gestion de la géolocalisation. Entre les deux versions de l’application, des progrès significatifs ont été enregistrés :

  • À chaque réservation, 300 ko de données échangées en moins
  • Un parcours de réservation de billet TER plus rapide de 8 secondes
  • 15 mAh de batterie consommés en moins à chaque réservation TER

En prenant l‘hypothèse de 30 millions de réservations sur Android par an, l’impact de l’utilisation de SNCF Connect est de 86,9 tonnes eq. CO2. Cela représente les émissions annuelles d’environ huit Français. Le gain obtenu entre les deux mesures est de 10 tonnes eq.CO2.

« Dès la phase de conception et tout au long du projet, nous avons intégré dans nos exigences la maîtrise de la performance associée à une démarche de sobriété. Avec Greenspector nous avons pu y associer une mesure, travailler sur des optimisations tout en poursuivant l’acculturation de nos collaborateurs sur le sujet pour un résultat très encourageant », indique Sébastien Gobin, Responsable Qualité et Production Tech & Produits pour SNCF Connect. 

Et demain, que faire ?

Selon la chambre des métiers et de l’industrie, il est « important d’intégrer cette démarche très en amont car beaucoup d’impacts se décident dès la phase de conception, mais il y a également des enjeux sur les phases de développement, d’utilisation et de fin de vie. Il faut enfin savoir que l’éco-conception est une méthodologie standardisée au niveau national via les normes ISO 14 006 et 14 062 ».

Pour SNCF Connect & Tech, de bonnes pratiques de conception, alliant tech et design, sont un levier majeur pour réduire les impacts environnementaux et sociaux tout en conservant une qualité d’usage. Ainsi, son action pour l’année à venir se focalise sur la définition d’engagements éthiques à destination des métiers du produit et la montée en compétence sur les pratiques d’écoconception numérique. Un beau voyage en perspective.

« La démarche engagée aux côtés de Greenspector est une première étape dans l’amélioration de notre produit sur les enjeux d’impacts environnementaux. Notre ambition est de poursuivre l’initiative en améliorant nos pratiques de conception alliant design et tech, au travers de l’écoconception numérique sur l’ensemble du cycle de vie du produit et le respect d’engagements éthiques. » –  Mellie La Roque, Service Designer SNCF – Connect  


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